Entre 1910 et 1914, pour aider les familles en difficulté de logement, Georges Cochon, pour se faire entendre, va faire beaucoup de bruit : au propre, avec sa célèbre fanfare futuriste « le Raffut de Saint-Polycarpe », comme au figuré, par des « coups médiatiques » d’une audace peu commune. Dans la période sombre qui précède la « grande guerre », Georges Cochon réussit à sensibiliser l’opinion publique et à mobiliser la classe politique pour s’attaquer aux conditions effroyables de logement de la classe ouvrière et notamment des familles chargées d’enfants. Il est devenu un véritable héros pour le petit peuple de Paris qui le surnomme « Notre Sauveur, à nous les gueux » ou le « Président des Sans Pognon ».
Ennemi juré du « Vautour », terreur du Pipelet, il s’attaque aux biens de l’Etat, de la haute finance et même du clergé. Dans son combat quotidien de lutte contre l’exclusion des faibles, il ne respecte que la souffrance des humbles.
Après quelques coups d’éclat, et des séjours de plus en plus nombreux en prison, on perdra la trace de Cochon : blessé à la bataille de la Marne, il désertera pour ne pas retourner au front. Il sera condamné à trois ans de travaux forcés - années qui le marqueront durablement. Il mourra à Maintenon, le 25 avril 1959.
Cochon a exigé la construction massive de logements à bon marché. Le législateur l’a entendu. Les offices publics, créés par la loi Bonnevay, votée en 1912 à l’unanimité, lui doivent sans doute beaucoup. Il a été l’un des premiers à demander que le logement soit un droit. Et pourtant, l’Histoire l’a oublié… pire, elle l’a nié.
A partir de 1910, la gauche française se bat enfin sur la question du logement. Si elle soulignait les conditions déplorables de logement de la classe ouvrière et militait sur la question des loyers, les solutions ne pouvaient passer que par la révolution. Construire des habitations ouvrières, c'était s'intégrer au modèle capitaliste. C'est à partir de l'action de Cochon et du syndicat des locataires que le logement locatif social devient une conquête sociale.